Un stage qui n’efface pas les contraintes financières

Retour sur l’expérience du stage
A l’automne 2019, nous retrouvons Chiara pour un second entretien au cours duquel nous l’invitons à revenir sur le stage d’une année qu’elle a effectué dans un établissement éducatif pour enfants.
En fait, BAB-VIA ce qu’ils ont fait, ça été une espèce de porte-parole entre mon stage et moi. Cela permettait de faire une mise au point sur la relation que j’entretenais avec les enfants, avec le travail en question. Avec les personnes, mes collègues et puis surtout dans quel domaine professionnel ça allait m’ouvrir des portes et si c’était vraiment ce que je voulais
Chiara évoque l’importance du rôle d’interface qu’a tenu sa travailleuse sociale entre sa position de stagiaire et le lieu de stage.
Porter de l’attention à la progression de Chiara
A ce propos, le journal de la travailleuse sociale témoigne bien de son souci d’accompagner la jeune femme dans sa progression tout en veillant à ce que le lieu de stage lui aménage un espace d’apprentissage.
Les observations consignées dans ce journal font état de l’attention portée au suivi des objectifs fixés liés à la confiance et à la capacité de Chiara de s’affirmer.
Cependant, dès le premier bilan, et au-delà même du déroulement du stage en tant que tel, la travailleuse sociale est amenée à reprendre en considération la situation globale de la jeune femme : les contraintes financières liées au maintien de son indépendance interfèrent avec son projet de formation.
Novembre : 2018 Bilan de stage
Le début de stage n’a pas été facile pour Chiara car il n’y avait pas beaucoup de structure dans les tâches qui lui étaient demandées, le format de sa participation était parfois flou
Le stage lui permet de travailler sur le développement de son autonomie au niveau de sa structure (organisationnelle) de mieux gérer et mieux prioriser ses choix lors des activités.
Financièrement le stage l’aide mais ne lui permet pas de sortir du barème de l’Hospice Général.
Atténuer les difficultés financières
Pour BAB-VIA, il s’agit alors de trouver une solution pragmatique qui permette à la jeune femme trouver un emploi complémentaire tout en préservant sa capacité de mener à bien son stage.
Cet emploi complémentaire dont les apports financiers sont bien modestes oblige Chiara à désormais jongler avec les horaires de son stage. Il représente pourtant quelque chose de symbolique aux yeux de la jeune femme.
Elle qui, à 24 ans, n’a été que stagiaire est maintenant employée à part entière.
Janvier 19 : un contact téléphonique à la demande de Chiara
Contact téléphonique avec Chiara, elle a envoyé son dossier pour un poste dans un Ludothèque, elle aimerait que j’appuie sa demande. Ok je fais un mail en soutien à son offre. Quelques jours plus tard je reçois en retour que son dossier est retenu.
Elle aura un avantage financier grâce à cet emploi et c’est bien car elle a utilisé son réseau pour entreprendre cette démarche.
A part ça, ce qui était chouette, c’est qu’en plus je pouvais la contacter sur WA donc on avait vraiment un lien… elle me disait à tout moment quand t’as un problème ou que tu as besoin de discuter, tu peux m’appeler. Donc c’était vraiment… je pouvais vraiment la contacter à tout moment s’il y avait quoi que ce soit, même en dehors du stage, en fait.
Et c’était vraiment un suivi complet, il y avait vraiment le suivi psychologique, administratif. Je pouvais lui poser toutes les questions que je voulais. Elle m’a dit, même si tu as un problème avec tes impôts ou n’importe quoi.
Dans le prolongement de la réactivité de BAB-VIA et de l’attention portée par la travailleuse sociale à sa situation financière, Chiara revient volontiers sur le sentiment d’avoir été accompagnée de manière globale tout au long du stage. Elle relève la grande disponibilité de sa travailleuse sociale au-delà même des seuls aspects liés au stage.
Le journal de la travailleuse sociale est d’ailleurs émaillé d’observations se rapportant à l’attention qu’elle a portée aux dynamiques relationnelles et au soutien à l’équilibre personnel de la jeune femme.
Confronter aux exigences de son projet
Pour autant, dans le dernier tiers du stage, la travailleuse sociale va peu à peu amener Chiara à la nécessité de se confronter concrètement à l’exploration des voies possibles pour mener à bien le projet de formation qu’elle a choisi.
Pour Chiara, travailler dans le domaine socio-éducatif était un rêve, un rêve certes basé sur une expérience de stage, mais un rêve qui se présente comme un peu évanescent en raison de son faible niveau de formation. Avec l’aide de BAB-VIA, la jeune femme va être amenée à rendre explicites les conditions nécessaires à un tel projet.
Cette confrontation avec la réalité va être dure. Pour la travailleuse sociale, il s’agit de faire prendre conscience à la jeune fille que la seule voie possible serait de reprendre des études du soir.
Juin 19: rdv avec Chiara
Discussion autour de la suite de son projet. La validation des acquis n’est pas envisageable, elle devrait faire encore deux ans de stage afin de valider de la pratique. Cette option ne lui convient pas, financièrement ce n’est pas jouable. Le retour à l’école de culture générale pour adultes serait possible sous demande de dérogation (elle n’a pas réussi ses examens de première année, elle avait une chance de rattrapage qu’elle n’a malheureusement également pas réussi),
Une décision radicale
Cette mise à plat des exigences liées à son projet initial va amener Chiara à prendre d’elle-même une décision radicale : celle d’abandonner l’idée de reprendre une formation.
Une décision quelque peu déroutante pour la travailleuse sociale qui se trouve alors dans une sorte de dilemme entre tenter d’encourager Chiara plus encore à poursuivre son projet de formation ou admettre le poids des difficultés liées à son parcours et à sa situation.
Le stage s’est terminé. Ma conseillère m’a dit : voilà est-ce que tu veux que je continue à t’aider à chercher un apprentissage ? Quels sont tes objectifs ? On a eu un entretien, on en a discuté. Et moi-même, J’ai pris la décision que j’arrêtais tout simplement de chercher un apprentissage, que tout simplement, j’ai 26 ans, enfin je vais avoir 26 ans, et les apprentissages se font de plus en plus rares, Et , ça fait quand même 5 ans que je travaille dans le domaine du social, que ce soit en tant que bénévole, que ce soit en tant que… voilà ce qui se passe c’est que j’en ai eu marre.
Elle hésite, c’est difficile de faire un choix, elle change souvent de direction.
Elle veut aussi travailler, elle a besoin d’un job alimentaire. Elle a des capacités, mais le travail qu’elle doit déployer afin de reprendre une formation est pour elle (pour le moment) insurmontable, elle a encore des traumatismes de ces échecs scolaires passés.
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