Les jeunes à la sortie de PP2

Un réseau de liens élargi et des préoccupations personnelles en baisse

novembre 3, 2020

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Un réseau de liens élargi et des préoccupations personnelles en baisse

Des liens familiaux stables et la réactivation d’affinités électives

A l’entrée dans le projet, la totalité des jeunes avait le sentiment de bénéficier de l’attention de leurs parents et ce sentiment d’être l’objet de la reconnaissance de leur famille d’origine a perduré tout au long de leur passage à PP2.

En revanche, les jeunes femmes du groupe 2, qui en arrivant dans la structure témoignaient de liens amicaux distendus, voire d’un sentiment d’isolement, ont réactivé des affinités électives au fil du temps passé à PP2. 

Socialement parlant, je me suis redécouvert des amis. Avant j’avais beaucoup de cercles d’amis, après j’ai eu ce moment où j’étais très seule et là c’est plus je vois des amis chacun de leur côté. (moins isolée). Je suis moins isolée oui. Mais j’apprécie aussi beaucoup plus ma solitude. Avant, j’avais beaucoup de mal

Chiara

La reprise d’une activité de formation a permis à une jeune femme comme Djenah de raccrocher avec son groupe d’amis dont les rythmes réciproques s’étaient désynchronisés au moment de son interruption de formation 

Maintenant que je suis réinsérée, je suis tout le temps entourée de mes amis. Alors qu’avant, je les voyais moins. Ils étaient en train de réviser, je n’allais pas m’assoir à côté d’eux pour les regarder réviser. Là, je me sens plus… de nouveau dans le groupe.

Djenah

Des réseaux personnels qui se sont élargis

A la question : Après ton passage à BAB-VIA as-tu le sentiment d’avoir élargi le réseau de personnes sur lequel tu peux compter ?, tous les jeunes ont répondu par l’affirmative.

Lorsqu’on leur demande de détailler un peu le type de nouvelles personnes qu’ils ont rencontrées et sur lesquelles ils ont le sentiment de pouvoir compter, il est frappant de constater que les jeunes citent d’abord leur travailleur-euse social-e qui, de fait, est venu constituer une pièce maîtresse de leur réseau personnel. Ceci tant par le lien de confiance qui s’est tissé, que par les ressources potentielles en matière de réponses à des problèmes diversifiés que ce-tte dernier-ère est susceptible d’apporter.

Mais au-delà de l’équipe de PP2, c’est surtout l’environnement de stage qui a permis aux jeunes de développer de nouveaux liens.

Parfois de manière très réticulaire, à l’image d’une toile de « liens faibles », comme pour Alexandre qui évoque une multitude de nouveaux « contacts » qui représente pour lui des vecteurs d’opportunités.

L’élargissement de mon réseau ? Ouais franchement, j’ai rencontré plein de gens, typiquement dans le festival (où j’ai fait un stage de courte durée) il y avait Fabio le gérant du bar, il ne m’a pas donné de contacts, mais je sais que c’est quelqu’un de bien et je sais que si je le rappelle, je pense qu’il pourrait me mettre sur des trucs. Il y a eu « mon lieu de stage dans un fitness) avec le manager, lui il m’a trop aidé, il m’a dit que quand j’ai fini mon apprentissage, je viens travailler quand je veux. Il était content pour moi que je parte en apprentissage, il m’a dit : « le CFC c’est trop bien tu as raison ». Le patron (d’un autre lieu de stage de courte durée), j’ai passé beaucoup de temps avec lui, c’est devenu un bon ami, les coachs (du fitness où je vais faire mon apprentissage) c’est devenu des collègues, ils me donnent des conseils, de trucs, il n’y a que du positif.

Alexandre

Parfois de manière plus circonscrite avec des collègues qui deviennent de nouveaux amis.

Oui, j’ai quand même noué des liens avec d’anciennes collègues à moi, c’est devenu des amies, même si l’on a 10 ans de différence. Elles m’ont appris des choses.

Giulia

Cette question de la différence d’âge avec de nouvelles personnes de contact évoquée par Giulia, revient assez fréquemment dans le discours des jeunes. A cet égard, Bastien montre bien la nouveauté que constitue pour lui, l’ouverture vers le développement de liens tissés hors du cercle des amis de son âge.

G, la dame de la crèche elle m’a beaucoup encadré et on a créé une relation, J’ai trouvé ça très intéressant de parler avec des personnes plus âgées que moi, car avant je trainais souvent avec des personnes de mon âge qui n’avait pas les mêmes projets. Là de voir des gens qui ont réussi leur vie, de voir qu’ils ont fait de leur passion, leur métier…

Bastien

L’environnement de travail sur leurs lieux de stages est généralement évoqué très positivement par les jeunes, qui ont le sentiment d’avoir bénéficié d’une attention bienveillante de la part de leurs collègues ou des professionnel-les en charge de leur encadrement.  

J’ai eu la chance d’être dans une équipe où vraiment l’infirmier était hyper pédagogue, il voulait tout le temps me faire participer, me poser des questions. Donc c’était bien et il me laissait beaucoup d’autonomie. Donc, au bout d’un moment (il me disait) je sais que tu peux le faire : fais-le. Et puis je faisais les choses et j’avais le sentiment de faire partie de la maison. Donc c’était bien.

Djenah

Un ou deux jeunes évoquent néanmoins le pendant de ces environnements très familiers dans lesquels il règne une ambiance presque familiale qui peuvent paraître parfois étouffants et à l’égard desquels il est parfois difficile de prendre de la distance ou de situer les limites de la relation professionnelle.

Ophelia : Enfin, avec la patronne, j’ai un lien aussi « familial », mais ça pose aussi problème parfois, enfin je trouve que c’est bien aussi d’avoir un lien patron-employée parce que j’ai parfois l’impression de me faire marcher dessus et du coup, je n’arrive pas à contredire parce qu’en même temps, on est super cool entre nous et puis…

Chercheuse : Ça reste ta patronne…

Ophelia : Ouais, voilà. Et c’est un peu… je n’arrive pas à me retrouver là-dedans. En gros, c’est ça ! (rire gêné)

En marge de leur activité professionnelle dans le cadre des stages, un quart des jeunes dit avoir repris une activité sportive ou de loisirs.  

J’ai repris le sport, ça m’aide beaucoup, (ma travailleuse sociale) me dit : « tu as fondu, on dirait que tu es une autre femme », non je suis toujours la même personne, sauf que je fais ça… je ne fais pas ça pour quelqu’un, car je suis aussi célibataire qu’avant, mais c’est pour moi, pour réduire les problèmes de santé, j’ai envie de me sentir bien. (Giulia)

Giulia

Les préoccupations liées à leur avenir professionnel en baisse

Au moment de leur entrée à PP2, les jeunes des deux groupes se disaient particulièrement préoccupés par leurs projets de formation et leur avenir professionnel. Ces résultats témoignaient d’un état de forte incertitude, voire d’un sentiment d’insécurité face à l’absence de perspectives tangibles pour la poursuite de leur parcours de formation.

D’une manière générale, ces préoccupations liées à leur avenir de formation prenaient clairement le pas sur d’autres types de préoccupations plus personnelles relatives à l’image d’eux-mêmes, aux relations avec leur entourage, ou encore à leur organisation personnelle. Le groupe 2, cependant faisait état de soucis liés à des difficultés en matière de gestion administratives, de niveau de revenus pour payer leurs dépenses de base ou encore d’image d’eux-mêmes.

Au terme de leur parcours à PP2, les réponses de jeunes à la même batterie de questions destinée à mesurer leur niveau de préoccupation mettent en lumière une baisse générale de ce niveau de préoccupation.

Cette baisse est particulièrement marquée pour les dimensions liées à leur projet de formation et leur avenir professionnel. Ainsi ce qu’ils vont faire dans un avenir proche, juste après BAB-VIA ne représente plus une préoccupation dans l’immédiat puisque les jeunes quittent la structure avec une perspective tangible. Mais il subsiste encore une relative inquiétude liée à la capacité d’achever leur formation ou de mener à bien leur projet professionnel. En extrapolant, il est possible d’esquisser le fait que les jeunes sont passés d’une forme d’inquiétude exacerbée à une confiance dans l’avenir qui comporte certes des incertitudes, mais sur lesquelles il est possible d’avoir prise.  

Cette baisse du niveau de préoccupation est aussi sensible pour les dimensions plus personnelles, qui bien que relativement peu élevées à l’entrée a lui aussi régressé de manière générale, en particulier pour les jeunes du second groupe.  

Une évolution de leur situation financière en demi-teinte

En matière de situation financière, la différence était marquée entre les jeunes des deux groupes. Les jeunes du premier groupe, encore pris en charge par les parents à la fois pour leurs dépenses de base et leurs loisirs avaient le sentiment de pouvoir faire face à leurs besoins très aisément. Ceci alors que les jeunes femmes du second groupe appelées à assumer une partie de leurs dépenses déclaraient éprouver des difficultés financières, parfois de manière conséquente.

Au terme de leur passage à PP 2, la situation financière des deux groupes a évolué.

Les jeunes du groupe 1 sont moins affirmatifs qu’à l’entrée quant à l’aisance de leur situation. Cet état de fait s’explique en partie par leur participation progressive à leurs dépenses, notamment de loisirs. En effet, leurs revenus de stages pendant leur passage à BAB-VIA et à la sortie leur salaire d’apprentissage les conduit à prendre en charge eux-mêmes des frais jusqu’alors assumés par leurs parents.

Maintenant, il y a des choses (qui ont changé), du coup, avec mon salaire aussi… Disons, c’est moi qui paye, mais si j’ai vraiment un problème comme ce mois-ci, là, vraiment je suis à sec, ben ils (parents) peuvent m’aider. Mais sinon, généralement, les frais de repas, c’est moi ouais. Les frais de transport, les frais d’habillement, les frais d’assurance… c’est mes parents. Mais, mon argent de poche et mes vacances, c’est moi.

Ophelia

La situation financière des jeunes du groupe 2 s’est quant à elle un peu améliorée. Ceci en raison des revenus liés au stage et au salaire d’apprentissage, mais aussi dans certains cas avec la perspective de pouvoir bénéficier à nouveau d’allocations d’étude ou d’une bourse.

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